Avant de commencer mon récit de la journée, le petit panneau indicatif de ce qui devait être "le bon son" de carte pour signifier que la porte de la chambre allait s'ouvrir x)
En gros, si le son fait « Ding dong ding dong » lorsque l'on passe la carte magnétique sur la poignée, c'est foutu. Mais si par contre elle fait « Ding dong deng »!! LA!!! LA c'est parfait, et c'est ouvert. Simple comme bonjour finalement. « Ding dong deng ».

Ce matin-là, c’était censé être le grand départ : direction l’île de Penang ! Agathe et moi étions prêtes à enfin voir autre chose que du béton haha. Les valises bouclées non sans peine, on descend dans le lobby de notre hôtel, un peu groggy mais excitées à l’idée de changer d’air.
Sauf que… Agathe me jette un regard qui veut tout dire. Le teint livide, les traits tirés, affalée dans le canapé du lobby de l'hotel, elle murmure un dramatique mais très clair : « C’est pas possible, j’y arriverai pas. »
La sentence tombe : Penang attendra T_T
La faute, très probablement, à une boisson un peu trop "locale", et la tourista qui a décidé de prendre Agathe en otage. Glamour, quand tu nous tiens.
On est à la fois déçues et soulagées : déçues parce qu’on avait vraiment envie de quitter la ville, ses klaxons et sa moiteur, pour un peu plus de nature et de calme. Soulagées parce que clairement, elle n’aurait pas tenu des heures de bus sans transformer l’aventure en épopée tragique.
Je retourne donc à la réception (avec mon plus grand sourire de “vous allez rire mais…”), et je prends une chambre pour une nuit de plus. Elle est un peu moins mignonne que la précédente, mais très correcte. De toute façon, aujourd’hui, le programme c’est : repos, récupération, et bananes.

Pendant qu’Agathe fonce se réfugier sous la couette, je pars en mission commando à travers les rues de Kuala Lumpur : pharmacie, supérette, et chasse au pain blanc.
La pharmacienne a été un ange ! Elle m’a conseillée comme si j’étais une vieille amie, avec même une touche de compassion dans le regard (ou de pitié ? difficile à dire). J’en ressors avec l’équipement de survie officiel de toute touriste mal en point : antidiarrhéiques, bananes, et pain sans croûte.
Après avoir abandonné Agathe à son triste sort (aka : l’étreinte de la climatisation et des médicaments), je décide de ne pas laisser cette journée complètement filer entre mes doigts.
Tant qu’à être coincée une journée de plus à Kuala Lumpur, autant en profiter pour rayer un petit truc de ma wishlist. Et ça tombe bien, j’avais une destination toute trouvée : la fameuse BookXcess Rex KL !
Double recommandation de confiance : mon tatoueur Chen d’un côté et Agathe de l’autre, quand deux personnes aussi stylées me disent la même chose, je fonce.
Et là… wahou!!
Installée dans un ancien cinéma abandonné, la BookXcess Rex KL, c’est un peu comme le temple du livre.
Des escaliers, des passerelles, des murs recouverts de bouquins du sol au plafond… c’est géométrique, vertigineux, ultra photogénique.
Je crois que j’ai passé 10 minutes à simplement tourner sur moi-même avec des yeux d’enfant à Disneyland. Il y a de tout : romans, artbooks, BD, livres pour enfants, et un calme qui fait du bien après le tumulte de la ville.
Bref, si tu aimes les livres, l’architecture chelou cool, ou juste faire semblant de bosser en prenant 120 photos pour Instagram, c’est un arrêt obligatoire.
Ensuite, je décide d’aller me remplir l’estomac dans le resto où Agathe m’avait emmenée le soir de mon anniversaire, juste après ma loonnnngue séance tatouage.
Alors, spoiler alert : c’était délicieux.
Mais… MES. PAPILLES. ONT. PRIS. FEU.
J’avais oublié à quel point certains plats peuvent te faire transpirer du cuir chevelu en Malaisie. Un mélange de plaisir intense et de douleur légère (presque comme se faire tatouer, tiens ! Il faut juste inverser genre douleur intense et plaisir léger x).
À un moment, j’ai sérieusement envisagé d’appeler un extincteur pour ma bouche. Mais bon, j’ai survécu, contente qu'Agathe n'ait pas été témoin de ça!
L’après-midi, j’ai traversé Kuala Lumpur pour aller découvrir un autre joli lieu qui m'intriguait : la Jamek Mosque.
Perchée au croisement de deux rivières, c’est l’une des plus anciennes mosquées de la ville, et elle a ce charme un peu intemporel, avec ses dômes blancs et ses murs rayés.
Pour y entrer, il faut se couvrir (un peu comme dans nos églises ou les temples en Thaïlande en soi), et même si je ne suis pas religieuse moi-même, j’ai mis le voile sans problème. Je considère ça comme un geste de respect, une manière d’honorer l’endroit qu’on visite.
Et puis, porter un hijab quelques minutes sous 34°C, c’est une expérience en soi (spoiler : on sue élégamment).
L’ambiance est paisible et feutrée. J’ai aimé le silence, et la lumière qui filtre doucement entre les colonnades.
En sortant, j’ai eu envie de continuer sur ma lancée et de visiter une autre mosquée… mais cette fois, petite déception.
J’ai vite compris que ce n’est pas comme nos églises en Europe, où même la plus minuscule chapelle a son lot de vitraux mignons et de statues poussiéreuses.
Là, certaines mosquées semblent n’être qu’une grande salle blanche, sobre, ouverte pour la prière, pas vraiment pensées pour le regard du touriste, et c’est ok aussi bien sur!
Toutes les mosquées ne sont pas faites pour impressionner. Certaines sont simplement là pour recueillir des prières, et peut-être que c’est ça leur beauté.
Avant que le soleil ne se couche, j’ai filé au Musée National de Malaisie!
Je suis arrivée un peu avant la fermeture, donc j’ai fait ma curieuse en mode express ^^"
J’ai appris que bien avant que Kuala Lumpur ne devienne cette métropole ultra moderne, la région servait déjà de carrefour stratégique entre l’Orient et l’Occident!
Les marchands arabes, dès le 7e siècle, sillonnaient la mer de Chine méridionale à la recherche d’épices, de bois précieux, d’étain et de soie.
En échange, ils ont apporté avec eux non seulement des objets, mais aussi leur langue, leur art, leur religion !
C’est d’ailleurs ainsi que l’islam est arrivé en Malaisie, par vagues lentes mais durables, via le commerce plutôt que par la conquête.
Je trouve ça sympa finalement quand une culture entre par la porte des marchés et des échanges. On va dire que ça change des croisades quoi x)
Et plus je découvrais, plus je me disais que la Malaisie, c’est un vrai puzzle historique.
Une terre où sont passés, successivement (ou simultanément) :
Les Indiens, les Chinois, les Siamois (Thaïlande), les Arabes, les Européens (Portugais, Hollandais, Anglais), et bien sûr, toutes les ethnies autochtones.
Chaque peuple a laissé des empreintes culturelles, religieuses et vestimentaires.
C’est un pays qui semble avoir été toujours en train de se réinventer, de se mélanger, sans jamais totalement se dissoudre.
Dans une salle absolument géniale, ils exposaient des costumes traditionnels selon les différentes communautés qui composent le pays. C’est là que j’ai vu passer des styles si différents que j’avais l’impression de voyager à travers un continent entier.
Petit tour d’horizon :D
Malais : avec son sarong coloré et son songkok, cette tenue incarne l’élégance discrète des Malais. Portée lors des fêtes et cérémonies, elle reflète l’âme culturelle du pays.
Sikh : la tenue inclut souvent le turban (dastaar) et des vêtements simples mais dignes, souvent en coton, avec une symbolique forte liée à la foi.
Peranakan : élégant mélange de raffinement chinois et de tradition malaise : cette tenue aux broderies délicates incarne le charme unique de la culture Peranakan, héritée des communautés sino-malayes.
Siamois (Thaïlandais) : des tissus chatoyants et drapés, souvent portés lors des cérémonies bouddhistes, avec des motifs dorés très stylisés.
Dusun Tatana : un groupe ethnique du Sabah (Bornéo) ; leurs habits traditionnels sont souvent noirs avec des broderies rouges ou jaunes, et des accessoires faits à la main. Très enracinés dans la nature.
Chinois : le cheongsam ou le hanfu pour les femmes, avec des broderies somptueuses et des coupes ajustées. Un mélange de raffinement et de symboles porte-bonheur.
Serani : une communauté méconnue, issue des mariages entre Portugais et Malais au 16e siècle ; leurs vêtements traditionnels mélangent souvent des influences européennes et locales.
Deepavali : les tenues indiennes portées pour cette grande fête hindoue : sari colorés, kurta brodés, bijoux en cascade… un feu d’artifice de textiles et de traditions.
Après le musée, j’avais repéré un autre arrêt incontournable : le Temple Sri Maha Mariamman, l’un des plus anciens et colorés temples hindous de Kuala Lumpur!
Mais en arrivant… surprise totale ! L’endroit était en pleine effervescence.
On sentait qu’une grande célébration se préparait : des familles en saris éclatants, des femmes avec des fleurs dans les cheveux, des enfants surexcités, et même des stands alignés un peu plus loin.
Je ne savais pas exactement ce qu’ils célébraient (c’était en février, le Thaipusam encore?), mais l’ambiance était si dense et festive que je n’ai pas osé m’inviter dans ce moment sacré.
À défaut d’y entrer, je suis restée un moment à observer cette effervescence, ce sentiment de communauté, et cette explosion de couleurs et de traditions.
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