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Mexico partie 2 - Templo Mayor et sacrifices humains


 

La suite de notre première journée sur Mexico City ! 

Nous sommes allées voir les ruines du Templo Mayor. Ainsi que son musée ! 

Le Templo Mayor était le temple principal de la cité-État Tenochtitlán (l’actuelle Mexico), capitale de l’empire mexica. Les Mexicas sont le peuple qu’on appelle communément les “Aztèques”, mais le terme “Aztèques” est en réalité un mot inventé et popularisé plus tard, alors que Mexica est le vrai nom qu’ils se donnaient eux-mêmes ^^

Il s’agissait d’une grande pyramide avec deux sanctuaires au sommet : l’un dédié à Tlaloc (dieu de la pluie et de l’agriculture), l’autre à Huitzilopochtli (dieu de la guerre et du soleil).



Une petite échelle comparative de différents monuments connus. 

Nous allons voir la plus grande d'ici quelques jours : la pyramide du soleil de Teotihuacan. J'ai posté en photo la Cathédrale métropolitaine dans ce premier post (en elle apparait à la fin de celui ci :D). Je parlerai également plus tard du Chichen Itza que j'ai eu l'immense chance de pouvoir aller voir également. Le Templo Mayor dont je parle ici. 

Et enfin pour comparer le Partenon que je n'ai encore jamais vu et le Colisée (j'ai un post aussi en stock qui attend que j'aie le temps de me pencher dessus mdr) !




Une ligne du temps qui peut aider un peu, car avant de venir au Mexique, je mélangeais vraiment tout ! 
Elle montre quelques différents peuples mésoaméricains et leur durée dans le temps.

Les mayas par exemple ont été un peuple très très important, mais ils n'étaient pas dans la région du centre du Mexique, mais plutôt vers le sud ainsi que dans d'autres pays actuels comme le Guatemala, le Bélize, le Honduras également. 




Malheureusement.... la destruction du Templo Mayor est entièrement liée à la conquête espagnole du Mexique, menée par Hernán Cortés (1519-1521).

Le Templo Mayor était le cœur religieux des Mexicas, symbole du pouvoir impérial, et un lieu de sacrifices humains. Pour les espagnols du XVIᵉ siècle, il n’existe qu’un seul “vrai” Dieu, toutes les autres religions sont vues comme fausses et diaboliques.

Même si la religion catholique comprenait des rites symboliques autour du sang, du martyr, etc., les espagnols étaient horrifiés par les sacrifices humains faits au sommet du Templo Mayor, les autels sanglants, le cœur offert aux dieux ou l'exposition de crânes.

Ensuite pour les espagnols de l'époque détruire le temple = détruire le pouvoir politique et spirituel mexica.  
Détruire les temples des peuples conquis était une stratégie classique pour briser leur pouvoir, effacer symboliquement leur culture et imposer le christianisme. 




Je commence avec les photos des ruines en vous expliquant, comment on en est arrivés là...


Août 1521 : chute de Tenochtitlán

Après un siège long et brutal, la ville s’effondre.
Le Templo Mayor est pris, les prêtres sont tués ou dispersés.

1521–1522 : démolition systématique

Cortés ordonne de raser le Templo Mayor, de casser la pyramide pierre par pierre, d’utiliser les matériaux pour construire : la cathédrale métropolitaine, des palais et bâtiments coloniaux et enfin : les premières rues de la nouvelle Mexico.

Les travaux d’aplanissement et de réutilisation des pierres durent plusieurs années.
La destruction est volontaire, méthodique et complète.

Résultat :
Le Templo Mayor disparaît sous la nouvelle ville, enseveli sous plusieurs mètres de débris et d'urbanisation.





Alors, la pyramide elle-même est totalement détruite. Mais les niveaux plus anciens (le temple avait 7 phases superposées) sont ensevelis, non détruits, car ils étaient sous la surface ! 
Beaucoup d’offrandes enfouies sont restées intactes. Les Espagnols ignoraient certains espaces, qui ont donc survécu sous terre.

Pendant les siècles suivants, la ville se développe par-dessus, et plus personne ne sait exactement où se trouvait le temple.




En février 1978 (j'ai été si choquée de me dire, que ce n'est pas SI vieux) : des ouvriers de la compagnie d’électricité (oui, vraiment !) creusent pour un câble, à côté de la cathédrale. Ils tombent sur un gigantesque disque en pierre représentant Coyolxauhqui, la déesse de la lune ! 

Les archéologues comprennent immédiatement que c'est une découverte majeure associée au Temple Mayor, et qu'il est très probablement juste en dessous !

Esnuite le gouvernement mexicain lance de grandes fouilles.

On dégage alors les vestiges des sept phases du temple successives, on découvre plus de 7 000 artefacts, on révèle des offrandes intactes, on met au jour des autels, escaliers, plateformes, sculptures monumentales ! 

En 1987, on inaugure le Museo del Templo Mayor, juste à côté du site.








Manuel Gamio (photo en dessous, avec la moustache, à gauche) était le fondateur de l’archéologie moderne au Mexique.

Avant lui, beaucoup de fouilles se faisaient de manière assez désorganisée. Gamio introduit : des méthodes scientifiques, des relevés précis, une approche multidisciplinaire (archéologie + étude des populations vivantes + linguistique).

Il est aussi l’inventeur de l’anthropologie appliquée au Mexique.
Gamio ne voulait pas juste “étudier” les peuples indigènes : il voulait améliorer leur vie. 
Il a créé des programmes pionniers pour l’éducation bilingue, le développement social dans les villages indigènes, la reconnaissance de la diversité culturelle. C’est une vision avant-gardiste, très en avance sur son temps =O

Il a travaillé pour le gouvernement après la Révolution mexicaine et a posé les bases du nationalisme culturel mexicain, celui qui célèbre : les cultures préhispaniques, les traditions indigènes, le métissage, l’idée d’un Mexique multiculturel.
C’est cette vision qui domine encore aujourd’hui.

Il a combattu le racisme et l’exclusion au Mexique.
Dans ses écrits, Gamio critique : le mépris envers les peuples autochtones, les politiques d’assimilation forcée et les inégalités économiques !
Il encourage une modernisation du pays respectueuse des cultures locales.






Pour les mexicas, les sacrifices humains n'étaient pas de la cruauté : c’était un devoir cosmique.
Les Mexicas avaient une conception du monde très particulière :  L’univers est fragile. Les dieux se sont sacrifiés pour créer le monde. Donc les humains ont une dette sacrée envers eux.

C’est ce qu’on appelle le “nextlahualli” : la dette de sang.




Le sacrifice n'était pas un acte barbare, mais un geste de maintien du monde. Ce n’était pas une punition, mais un échange sacré.
Les sacrifiés n’étaient pas toujours vus comme des victimes !

Dans certains rituels, les personnes sacrifiées étaient considérées comme : des représentants d’un dieu, des êtres honorés, des élus ayant un rôle cosmique vital.

Par exemple : L’ixiptla (“incarnation”) d’un dieu vivait parfois plusieurs mois comme réincarnation terrestre de cette divinité, nourrie, respectée et parée de bijoux, avant d’être sacrifiée rituellement.

(En photo juste en dessous, des couteaux de sacrifice, ils étaient à la fois terrifiants et mignons =OOO)




Les Mexicas étaient un empire militaire récent et expansionniste. Donc ils utilisaient le sacrifice pour impressionner, unifier les peuples conquis, justifier leur domination. Des cultures moins expansionnistes avaient moins besoin de ce spectacle de pouvoir.

Les guerres dites “fleurs sacrées” (xochiyaoyotl) existaient parfois pour capturer des prisonniers destinés aux sacrifices, mais pas dans toutes les régions, et pas en continu. Car oui, tous les peuples mésoaméricains ne pratiquaient pas ou pas autant le sacrifice que les Mexicas ^^"

Les Mayas, par exemple pratiquaient des sacrifices humains, mais beaucoup plus rares. Le sang royal (auto-sacrifice) était souvent plus important que le sacrifice d’autrui.

Certains peuples même trouvaient les pratiques mexicas excessives, et étaient parfois hostiles aux Mexicas justement à cause des sacrifices. Comme les Totonaques, Tarasques, Huastèques, Otomis, etc (dont je n'avais jamais entendu parlé avant ^^").



Les Mexicas pratiquaient une grande variété de rituels, chacun avec un sens précis lié au calendrier, aux dieux, aux mythes et aux cycles naturels.

- Le plus célèbre était le sacrifice par extraction du cœur, mais ce n'était pas le plus fréquent dans la vie quotidienne (heureusement? XD). 
Réalisé sur des captifs de guerre ou des volontaires rituels. Le cœur encore “chaud” était offert au soleil pour maintenir son énergie. Très codifié, jamais improvisé.

- Le sacrifice gladiatoire où un captif combat sur une pierre ronde, attaché par une corde, armé d’un bouclier et d’une arme factice, contre plusieurs guerriers élite (jaguars, aigles).

- Le sacrifice par le feu où les victimes pouvaient parfois sauter elles-mêmes dans le brasier avant d’être retirées et achevées. C'est un rituel lié à la création du soleil.

- Le sacrifice par noyade, souvent dédié à Tlaloc (dieu de la pluie). Il s'agissait d'enfants sacrificiels mais qui ne devaient pas être terrorisés. Même si on dit que leurs larmes étaient considérées comme précieuses et annonciatrices d’abondantes pluies. 
Les enfants étaient souvent achetés, donnés ou élevés pour ce rôle. Et oui, les familles “donnaient” leurs enfants. 
C'était un acte de prestige social, ce qui choque aujourd’hui ne choquait pas dans leur cosmologie.

- Le sacrifice auto-sacrificiel était le plus commun.
C’est celui que les Mesoaméricains pratiquaient le plus dans leur vie quotidienne. Perforation d’oreilles, langue, lèvres, bras, organes sexuels. Sang déposé sur du papier sacré brûlé ensuite. Hommes, femmes et même enfants le pratiquaient. 
C'était vu comme un don personnel, pas comme un acte tragique.

- Le sacrifice par décapitation était pour les dieux du maïs et les cycles agricoles.





Comment les victimes de sacrifice étaient-elles choisies ?

Les plus nombreux étaient des captifs de guerre ! 
Les Mexicas valorisaient capturer plutôt que tuer. Ainsi les jeunes guerriers devaient ramener des captifs pour avancer dans les rangs. Evidement ces captifs n’étaient pas des “gens pris au hasard”, des civils, mais bien des guerriers ennemis.

Les volontaires rituels (ixiptla) étaient des hommes qui se portaient volontaires pour incarner une divinité durant une période (parfois un an). Ils recevaient donc un traitement princier. Ils vivaient dans le luxe, enseignaient la musique, les arts. Et le dernier jour, ils mouraient avec dignité, en tant que représentation vivante du dieu.
Ceux-là étaient fiers, honorés, et consentants.

Les enfants offerts par leur famille dont j'ai parlé plus haut (et on est d'accord, un enfant ne peut consentir :( ).





Avaient-ils peur ? 
Et bien ça dépendait :'(

Les volontaires rituels : non, ils étaient souvent hyper préparés. 
Les captifs de guerre : variable...  certains acceptaient car c’était pour eux une mort plus prestigieuse que mourir de maladie ou en vieillissant, mais certains avaient très peur. 
Les enfants : c'est difficile à savoir, mais les textes insistent sur le fait qu’ils étaient apaisés, soignés, et qu’ils étaient trop jeunes pour conceptualiser la mort comme les adultes. Je l'espère :(





Bon allez, si on détendait un peu l'atmosphère en allant se promener sur la place Manuel Gamio ?
On a passé une super soirée à admirer tous les préparatifs pour la fête de Dia De Los Muertos. L'ambiance était joyeuse et festive, et les températures étaient plus agréables aussi :D




Trop mignons ces ballons qui ont l'air d'être populaires ici ! Ce sont des sortes de tubes allongés et les enfants les frappent contre le sol pour les regarder rebondir haut. C'est vraiment trop chou !





Plein de personnes venaient costumées et se laissaient prendre en photo contre quelques pièces. Il y avait aussi des vendeurs ambulants partout ^^













Est ce qu'on en a profité pour faire encore un peu d'achats souvenirs ? Bien entendu. Mais toujours en essayant de comparer un peu les prix ^^"
















C'était une première journée géniale à Mexico City. Vraiment, un sans faute ^^ 

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